Happy Reinecke : « Sa musique est très belle et son style toujours très romantique et chantant. »

Don't Lieve me this way

Professeure de flûte au Koninklijk Conservatorium de Bruxelles, flûte 1re soliste et cheffe de pupitre de l’OPRL, Lieve Goossens nous parle du concert Happy Hour ! dédié au compositeur romantique allemand Carl Reinecke, qu'elle interprètera avec quelques musiciens de l’OPRL, le mardi 28 mai à 19 heures.


Comment est née l’idée de ce concert Happy Reinecke ?

Chaque saison, les Happy Hour ! célèbrent un compositeur dont on fête un anniversaire spécial (100, 150 ou 200 ans). Après Offenbach (2019), Piazzolla (2021), Franck (2022) et Jongen (2023), Virginie Petit et Jean-Luc Votano ont eu l’idée d’honorer le compositeur allemand Carl Reinecke (1824-1910). Or, Reinecke est très apprécié des flûtistes en raison de trois œuvres qui mettent leur instrument en valeur : la Sonate pour flûte et piano « Ondine » (1885), le Concerto pour flûte et orchestre (1908) et la Ballade pour flûte et orchestre, sa dernière œuvre. Les flûtistes affectionnent ce répertoire car peu de compositeurs romantiques ont composé pour la flûte. En dehors de Schubert, qui lui a consacré ses Variations sur le lied « Fleurs séchées » (1824), ni Mendelssohn, ni Schumann, ni Brahms, par exemple, n’ont composé d’œuvres spécifiques pour l’instrument.

Pour quelle raison ?

Cela est probablement dû au fait que la flûte héritée du XVIIIe siècle ne sonnait bien que dans certaines tonalités. Pour corriger la justesse de certaines notes, on était forcé de pratiquer des doigtés « fourchus » (procédé qui consiste à ouvrir un trou et à en fermer un ou deux autres plus éloignés). En réalité, c’est seulement dans le courant du XIXe siècle que la flûte moderne a été mise au point, principalement grâce à Theobald Boehm (1794-1881). La flûte moderne, munie de trous plus grands et de nombreuses clés actionnant des palettes destinées à les boucher, permet d’obtenir un son plus puissant, homogène et juste, dans toutes les tonalités. Alors que le système Boehm s’est imposé rapidement en France et en Belgique, il a été adopté beaucoup plus tard en Allemagne, où l’on préférait un son plus élégant mais moins fort. Il a fallu attendre le système de Maximilian Schwedler (1853-1940), flûte solo de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, pour pouvoir aborder une musique plus récente, comme le Concerto pour flûte de Reinecke, qui lui est d’ailleurs dédié. Mais par la suite, l’Allemagne est quand même passée au système Boehm, qu’on joue maintenant dans le monde entier.

Même s’il considérait son activité de compositeur comme secondaire, Reinecke est l’auteur de pas moins de 288 œuvres, dont trois symphonies, sept concertos et un vaste répertoire pour instruments à vent, domaine où il excellait. 

Parlez-nous de Reinecke…

Carl Reinecke est né le 23 juin 1824, dans la banlieue de Hambourg. Comme César Franck, il est élevé par un père tyrannique qui veut en faire un pianiste prodige. Mission réussie puisque l’enfant compose ses premières pièces à sept ans et se produit comme pianiste à 12 ans. Formé au prestigieux Conservatoire de Leipzig, il entame alors une carrière qui lui permet de rencontrer Schumann qu’il vénère, et Mendelssohn qui le soutient dans le développement de sa carrière de compositeur et de chef d’orchestre. De caractère aimable et modeste, Reinecke avait besoin de ce soutien qui lui permit finalement de devenir directeur musical de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig à 36 ans et de s’y maintenir durant 35 ans. Professeur de composition au Conservatoire de Leipzig, Reinecke se liera aussi d’amitié avec Liszt et Brahms, dont il dirigera le Requiem allemand pour sa création. Il s’éteint à Leipzig, le 19 mars 1910, à l’âge de 85 ans.

Que dire de son œuvre ?

Même s’il considérait son activité de compositeur comme secondaire, Reinecke est l’auteur de pas moins de 288 œuvres, dont trois symphonies, sept concertos et un vaste répertoire pour instruments à vent, domaine où il excellait. Pour ce concert, nous jouerons donc des extraits du Trio pour hautbois, cor et piano (1887), de la Sonate pour flûte et piano « Ondine » (1885), qui raconte l’histoire d’une naïade qui épouse un homme pour recevoir une âme, et du Sextuor à vents (1905). Sa musique est très belle et son style toujours très romantique et chantant. Nous voulions la mettre en regard avec celle de son ami Mendelssohn (Le Songe d’une nuit d’été) et de Mládí (Jeunesse), l’œuvre pétillante de l’un de ses plus illustres élèves en composition, Leoš Janáček, créée il y a tout juste 100 ans.

Propos recueillis par Éric Mairlot

Présentation du concert

Le concert du 28 mai sera présenté par Axelle Thiry, productrice sur Musiq’3 qui avait déjà prêté son concours au concert Happy Jongen, en avril 2023. Elle racontera l’histoire de la vie de Reinecke et replacera chaque œuvre dans son contexte, avec cette délicatesse qui la caractérise.

avec 

Lieve Goossens, flûte 
Sébastien Guedj, hautbois 
Jean-Luc Votano, clarinette
Martine Leblanc, clarinette basse
Joanie Carlier, basson 
Margaux Ortman et David Lefèvre, cors
Sara Picavet, piano

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