[FOCUS] L’Orchestre National de Metz Grand Est, en concert à Liège

Metz

Pour son retour à Liège, l’Orchestre National de Metz Grand Est a réuni le meilleur de la musique française du XXe siècle. Le chef d’orchestre belge David Reiland qui en est le directeur musical et artistique, a choisi de naviguer sur les eaux impressionnistes de Claude Debussy avec le poème symphonique La Mer (1905). Dans sa partition, Debussy a voulu suggérer le grand large par le biais d’œuvres artistiques ou littéraires évoquant la mer, sans nécessairement passer, originalité de sa démarche, par les sensations qu’elle suscite quand on est physiquement face à elle. Ses sources d’inspiration sont par exemple la célèbre estampe japonaise La Grande Vague de Kanagawa de Hokusai (vers 1830), qui figure d’ailleurs sur la couverture de la partition (la mode des gravures japonaises est alors en vogue à Paris depuis les années 1860). Debussy puise aussi ses idées musicales dans des textes poétiques, ceux de Pierre Louÿs et Camille Mauclair, qui auraient directement inspiré le premier mouvement de La Mer. Quand bien même ses sources sont artistiques, Debussy, à travers ses trois mouvements, parvient à donner l’impression d’être confronté à la mer et à ses changements imprévisibles, son calme, sa brise légère mais aussi ses vents de tempête… 

Tout aussi suggestif est l’univers de Maurice Ravel, dont toute l’œuvre est imprégnée par le monde de la danse, comme l’attestent le ballet Daphnis et Chloé (1912), le célébrissime Boléro (1928) et avant cela la grandiose et cataclysmique Valse (1920). L’idée d’un “hommage” à cette danse germe dès l’année 1906 mais la Première Guerre mondiale et ses conséquences désastreuses incitent finalement Ravel à composer une valse « contestataire », où la tradition viennoise du XIXsiècle et son cadre aristocratique festif se retrouvent mêlés à la barbarie du monde contemporain. En découle une partition évoquant la grandeur d’une civilisation, sa décadence et sa destruction, dans une vertigineuse spirale orchestrale qui signe, à grands fracas de percussions, l’arrêt de mort de la valse et de l’époque romantique. 

Pourtant, cet esprit romantique ne meurt pas vraiment chez les compositeurs français du XXe siècle. Ainsi, le concerto pour violoncelle Tout un monde lointain (1970) de Henri Dutilleux doit-il ses couleurs nocturnes à l’univers de Baudelaire et en particulier aux Fleurs du mal. Écrite et dédiée à Rostropovitch, teintée d’atmosphères mystérieuses, l’œuvre sera servie par le tempérament brillant d’Edgar Moreau, jeune virtuose français, qui fait ses débuts à la Salle Philharmonique. 
 

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