Benjamin Grosvenor : « Liszt était le compositeur préféré de mon grand-père ! »

Grosvenor

Le magazine Gramophone l’a désigné comme l’un des 50 meilleurs pianistes jamais enregistrés. Bénéficiant d’un contrat d’enregistrement exclusif chez Decca depuis 2011, le pianiste britannique Benjamin Grosvenor (31 ans) nous parle de sa passion pour Liszt, compositeur qu'il interprète avec l'OPRL, le 28 mars à Bruxelles et le 29 à Liège.

 

Qu’est-ce qui vous lie si intimement à l’œuvre de Franz Liszt ?

Liszt était le compositeur préféré de mon grand-père et j’ai grandi en écoutant beaucoup de sa musique. Son œuvre est tellement variée… C’était à la fois un maître de la technique du piano et un maître de l’écriture pour le piano ; un musicien fébrilement productif (et un être humain immensément généreux) qui ne se contentait pas de rester à un endroit artistiquement, mais n’a cessé d’explorer d’autres territoires tout au long de sa vie de compositeur.

Pourquoi peut-on dire qu’il y a un avant et un après Liszt dans l’histoire du piano ? En quoi représente-t-il une étape majeure ?

Il est à l’origine de la naissance du récital de piano, en tant qu’expérience de concert, mais aussi de la pratique consistant à jouer des œuvres de mémoire. Dans son écriture pour le piano, il a élargi considérablement les possibilités de l’instrument, aidé en cela par ses propres capacités techniques extraordinaires. Rachmaninov, Ravel et tant d’autres compositeurs se sont inspirés de son exemple pour trouver leur voie dans leur écriture pour le piano.

En quoi le Deuxième Concerto, que vous jouerez avec l’OPRL, diffère-t-il du Premier ?

Dans le Deuxième, le soliste est davantage intégré à l’orchestre et son rôle est plus varié. Les épisodes virtuoses et les cadences sont entrecoupés de passages qui s’apparentent à de la musique de chambre, notamment dans ce merveilleux passage où le piano accompagne un célèbre solo de violoncelle, au cœur du mouvement lent central.

Quel est votre rapport aux pianos historiques ? Ressentez-vous le besoin de jouer sur des instruments anciens ?

Il est toujours fascinant de jouer sur des instruments anciens et d’entendre les sons que les compositeurs eux-mêmes entendaient, mais je dois reconnaître que je n’ai pas souvent l’occasion de me confronter à d’instruments d’époque d’un niveau exceptionnel. En fin de compte, si l’on joue sur un instrument moderne, on fait une sorte de transcription, et l’on doit utiliser toute la gamme des possibilités expressives qu’offre cet outil.

Vous êtes ouvert à la musique contemporaine. Quels compositeurs contemporains aimez-vous particulièrement jouer ?

Je joue de plus en plus de musique contemporaine... Récemment, j’ai programmé des œuvres de Sofia Goubaïdoulina, et cette saison, je joue un certain nombre d’œuvres du compositeur australien Brett Dean, dont une que je lui ai commandée avec l’aide de plusieurs salles de concert dans le monde, intitulée Hommage à Liszt (Faustian Pact).

Comment vivez-vous la nécessité (ou la difficulté) d’apporter une approche nouvelle à des œuvres interprétées depuis des siècles ?

Je ne pense pas qu’il faille s’en préoccuper ou en faire un objectif, car cela pourrait conduire à faire les choses différemment pour le plaisir de les faire différemment ! Il vaut mieux faire ce que l’on pense honnêtement être le plus au service de la musique, et c’est l’approche que j’ai toujours eue. C’est bien sûr merveilleux d’être souvent félicité pour avoir apporté quelque chose de nouveau à un morceau de musique, mais je ne dirais pas que c’est mon but ultime !

Comment occupez-vous votre temps en dehors du piano ?

Par la lecture, la marche à la campagne, la course à pied, la natation, l’écoute de podcasts, ma présence à des concerts, la télévision, le cinéma, être avec ma famille ou mes amis… et le suivi du courrier !

Propos recueillis par Stéphane Dado et Éric Mairlot

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Réserver à Bruxelles (28/03)

Réserver à Liège (29/03)