« Aborder Vivaldi, c’est tout simplement euphorisant ! »
Si Vivaldi excelle dans l’art du concerto et de l’opéra, il se surpasse dans sa musique sacrée, écrite principalement pour l’Ospedale della Pietà de Venise, un couvent d’orphelines qui comptent parmi les plus grandes virtuoses au monde et bénéficient d’un niveau d’instruction musicale totalement unique au XVIIIe siècle pour des jeunes filles.
Avec son énergie habituelle, Hervé Niquet, reconnu dans le monde entier pour la qualité de son travail, dirige le samedi 28 septembre, à 20 heures, à la Salle Philharmonique de Liège son ensemble Le Concert Spirituel, un chœur et un orchestre à cordes d’une quinzaine de personnes chacun, en restituant la frénésie vivaldienne dans toute son authenticité. En effet, il confie ces musiques, comme à l’époque, à un chœur… exclusivement féminin ! Un choix qui rend toute sa fulgurance à des tubes de Vivaldi comme le Gloria en ré et le Magnificat, mais aussi à plusieurs psaumes. Jubilatoire !
« Faire du Vivaldi, c’est tout simplement euphorisant : tout le monde doit être au maximum de ses capacités, jeter toutes ses forces dans la bataille et, de ce fait, cette musique libère une énergie folle. Mais il n’y a pas que cela : en recteur de génie, Vivaldi est capable de dispenser la plus grande douceur, de la faire suivre d’un passage tonitruant, avant d’asséner une séquence chorale encore plus explosive alors qu’on croyait avoir atteint le sommet, le tout cédant immédiatement la place à une ineffable tendresse à deux voix, et ainsi de suite. Il n’y a jamais aucun ennui et chaque mélodie est singulièrement attachante. Elle est incroyablement difficile d’exécution car elle demande une grande virtuosité dans la justesse comme dans l’agilité. L’aborder, c’est un peu comme aller à un cours de yoga : on rechigne parfois à s’y rendre mais au final, on baigne dans la plus grande jubilation. Après plusieurs décennies à la scruter, j’avoue ne m’en être toujours pas lassé. » Hervé Niquet