[FOCUS] Concert de Nouvel An : Le sacre du printemps

Sacre du printemps

Pour le Nouvel An, le 10 et 11 janvier, l’OPRL se confronte à l’iconoclaste Sacre du printemps et à la douceur néoclassique du Concerto en sol de Ravel.

 

Dans l’Antiquité, on célébrait le Nouvel An à l’équinoxe de printemps. En clin d’œil à cette tradition, Elena Schwarz et l’OPRL se confrontent à la musique la plus iconoclaste du XXe siècle : sous-titré « Tableaux de la Russie païenne », Le sacre du Printemps de Stravinsky (1913) est le ballet le plus célèbre écrit pour la compagnie des Ballets Russes de Serge de Diaghilev, organisation qui transfigura l’art des spectacles dans l’Europe du premier quart du XXe siècle. Créée au Théâtre des Champs-Élysées, cette œuvre signe le plus grand scandale de l’Histoire de la musique, tant, dès les premières minutes, sa création fut perturbée par les cris, les sifflements, les hurlements du public. Diaghilev a beau allumer et éteindre les lumières de la salle, rien n’apaise la furie des spectateurs. Face à un tel tintamarre, Nijinski qui assure la chorégraphie tente en vain de donner le rythme à ses danseurs.

Plus qu’un scandale qui déstabilise la bien-pensance de l’époque, la musique du Sacre est une révolution. Ce n’est pas vraiment son argument — le sacrifice d’une jeune adolescente afin de remercier les dieux de la Russie païenne pour le retour du printemps — qui est en cause, mais la musique de Stravinsky, en rupture totale avec tout ce que le public parisien pouvait entendre à l’époque, à commencer par les œuvres de Fauré, Debussy, Ravel, Roussel ou Florent Schmitt. 

En quoi Le sacre est-il si novateur ? Stravinsky y développe tout d’abord des mélodies fragmentaires, puisées dans une lointaine tradition populaire. Ses thèmes sont abrupts et volontairement dépourvus de lyrisme ; ils offrent des contours archaïques afin de mieux suggérer la « barbarie » de temps reculés. Véritable manifeste de la modernité, Le sacre convoque un orchestre d’une centaine de musiciens, à la source de son énergie grisante. Brutaliste et sauvage, en particulier en raison de ses cuivres aux sonorités corrosives, il apparaît comme une cacophonie débridée, même si tout est réglé au cordeau. 

La vraie vedette du Sacre reste le rythme soutenu par une masse importante d’instruments à percussion qui renforcent les pulsations irrégulières, les accents décalés, l’empilement savant de métriques diverses. 

Plus d’un siècle après sa création, le pouvoir suggestif du Sacre est tel qu’il se passe aisément de la danse. L’œuvre est d’ailleurs plus généralement présentée en version de concert que sous une forme scénique. Une manière de rendre sa conduite plus libre encore, et de découvrir l’une des partitions les plus exaltantes de tous les temps. 

Calme avant la tempête, la merveilleuse douceur néoclassique du Concerto en sol de Ravel, inspirée de Bach, permet de retrouver Cédric Tiberghien, coloriste subtil dont les arpèges et les trilles lumineux sont un enchantement.

Infos et réservations 10/01

Infos et réservation 11/01