Happy Hour ! 100% Mozart : L'interview de Thibault Lavrenov

l'interview de Thibault Lavrenov

Le 24 octobre, à 19h les musiciens de l'OPRL remettent au goût du jour trois "petits" quatuors de écrits par Mozart entre 1777 et 1786. Le violoncelliste Thibault Lavrenov dit tout sur ce programme.

 

Comment ce projet « 100% Mozart » s’est-il élaboré ?

Quand Jean-Luc Votano a fait un appel à projets auprès des musiciens de l’OPRL, plusieurs d’entre nous ont eu l’idée de reprendre des œuvres de Mozart que nous avions déjà jouées à Ellemelle, un petit village situé à une trentaine de kilomètres de Liège, entre Nandrin et Ouffet. De Mozart, nous avions joué le Quatuor pour flûte et cordes en ré majeur et le Quatuor pour hautbois et cordes. Pour compléter ce programme « 100 % Mozart », nous avons ajouté un de ses deux Quatuors pour piano et cordes, en invitant Darina Vasileva à nous rejoindre. C’est une artiste confirmée qui a déjà suivi un cycle de formation complet en Bulgarie. Jean-Gabriel et Darina ayant déjà joué les deux Quatuors pour piano et cordes, ils nous ont proposé de jouer le Deuxième.

On sait que Mozart n’aimait pas beaucoup la flûte et qu’il a composé pour cet instrument en service « commandé ». On lui prête même cette boutade : « Je ne connais rien de plus faux qu’une flûte, si ce n’est deux flûtes ».

Peut-être la facture instrumentale de l’époque est-elle à mettre en cause. C’est un jugement sévère et un peu ingrat, surtout si l’on considère le formidable succès remporté par le Concerto pour flûte et harpe de 1778. L’année précédente, Mozart avait aussi composé trois Quatuors pour flûte et cordes, à Mannheim, pour un mécène hollandais nommé Ferdinand de Jean. Celui que nous jouons, le Quatuor en ré majeur K. 285, est le plus développé, mais les deux autres n'en sont pas moins riches…

Venons-en au Quatuor pour hautbois et cordes. Selon Harry Halbreich, c’est un peu le « frère plus mûr et plus profond » du Quatuor pour flûte et cordes K. 285.

Oui, c’est une œuvre écrite seulement quatre ans plus tard, en 1781. D’une durée équivalente, elle est dédiée à Friedrich Ramm, premier hautbois de l’Orchestre de Munich, un des grands virtuoses de l’époque. Comme dans les deux autres quatuors que nous jouons, le mouvement lent est d’une intensité expressive hors du commun, et le Finale adopte la forme d’un rondeau de caractère brillant. Fait étonnant, Mozart superpose, au beau milieu de ce Finale, une sorte de cadence virtuose un peu folle du hautbois (en mesure 4/4) à des battues obstinées des cordes (en mesure 6/8).

Quant au Quatuor pour piano et cordes n° 2, c’est presque un « concerto pour piano ».

Oui, c’est une œuvre à mi-chemin entre le quatuor et le concerto, mais cela se marque davantage dans le Finale, où le piano prend vraiment une place prééminente. L’œuvre, qui date de 1786, est contemporaine des Noces de Figaro, et cela se ressent. Il y a une joie de vivre, un esprit de fête, une espièglerie… qui s’en dégagent avec force.

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉRIC MAIRLOT