Les samedis en famille : Une nuit sur le Mont chauve
Le premier « Samedi en famille » de la saison est consacré à la musique russe, le 22 septembre à 16 heures. Au XIXe siècle, les compositeurs russes adorent les histoires féériques et les légendes magiques... Une nuit sur le Mont chauve de Moussorgski, repris notamment dans Fantasia, plonge au beau milieu d’une fête de sorcières et parvient à faire frissonner et rêver en même temps ! Rachmaninov et Borodine (Danses polovtsiennes) sont au menu de ce voyage musical dirigé par Christian Arming et présenté par Muriel Legrand.
Interrogé sur le contenu de cette séance, le Directeur musical de l'OPRL en a profité pour évoquer sa passion pour la musique russe...
Vous avez imaginé un programme 100 % russe pour votre premier « Samedi en famille ». Qu’aimez-vous plus particulièrement chez les compositeurs de Russie ?
Il y a deux choses qui me touchent. D’abord, je suis fasciné par les traces d’orientalisme qui imprègnent l’œuvre de beaucoup de compositeurs russes. C’est par exemple le cas dans les Danses polovtsiennes du Prince Igor de Borodine, opéra que je connais bien et que j’ai dirigé à plusieurs reprises, notamment à Hambourg et à Strasbourg. Ensuite, je suis émerveillé de retrouver dans beaucoup d’œuvres les racines orthodoxes russes, des couleurs modales et un patrimoine très ancien qui touche au folklore païen de cet immense pays. Ce sont ces racines ancestrales que l’on retrouve par exemple dans Le Sacre du printemps de Stravinsky. Je dois ajouter que les mélodies des compositeurs russes sont souvent superbes et mélancoliques. Ce n’est pas une mélancolie de façade, comme chez les compositeurs français ou allemands. Il y a chez les Russes un désespoir profond et pas la moindre perspective de happy end. C’est ce qui rend leur musique si attachante.
Une nuit sur le Mont chauve de Moussorgski a été réorchestré par Rimski-Korsakov. Que pensez-vous de cette orchestration au regard de l’œuvre originale ?
Je n’ai jamais dirigé la version originale de la partition. Mais je l’ai entendue pour la première fois lorsque j’étais l’assistant de Claudio Abbado qui l’a interprétée avec le Gustav Mahler Jugendorchester. Ce fut un choc ! Et ce qui est bizarre, c’est que d’un côté j’aime beaucoup cette version pour ses couleurs et son orchestration, mais de l’autre, je trouve l’orchestration de Rimski-Korsakov encore plus fantastique. La version originale est très moderne par les combinaisons orchestrales surprenantes qu’elle donne à entendre. Cela sonne de manière presque rude. Chez Rimski-Korsakov, c’est plus brillant et terriblement efficace car il raconte une histoire. Sa dramaturgie est bien plus développée et, par moments, fantasmagorique. J’ai préféré sa version car elle m’a semblé plus imagée et plus pittoresque dans le cadre d’un « Samedi en famille ».
Propos recueillis par Stéphane DADO