Mahler, Symphonie « Résurrection »
Les 27 février (Namur), 28 février et 1er mars (Liège), Gergely Madaras renoue avec les « orages mahlériens » et se retrouve à la tête d’un OPRL XXL, complété du Chœur Symphonique de Namur, de deux chanteuses magnifiques - Polina Pastirchák et Jennifer Johnston - et d’instruments en coulisse…
Il faut dire que Mahler n’a pas lésiné sur l’ampleur des effectifs dans sa Deuxième Symphonie, à la mesure de l’étendue du message qu’il souhaite faire entendre. Déclaration de sa foi en la résurrection des âmes et en la rédemption, la symphonie fait entendre que la mort n’est rien, que l’homme peut transcender par la foi sa condition de mortel et trouver ainsi un véritable but à son existence sans tomber dans le nihilisme.
De la sombre marche funèbre initiale, arrachée aux entrailles de la terre, à l’apothéose finale qui proclame l’avènement de la vie éternelle, en passant par le doute, la perte de la foi ou sa renaissance naïve, cette « Résurrection » transporte au firmament de la musique post-romantique.
Cette projection de l’artiste dans son œuvre, typique de l’œuvre de Mahler, est d’une réelle modernité à l’époque.
L’œuvre présente une genèse complexe. Le premier mouvement, une marche funèbre, était initialement un « poème symphonique » indépendant intitulé Totenfeier (cérémonie funèbre). Mahler y voyait l’enterrement du héros de sa Première Symphonie « Titan » (une œuvre initialement conçue sur la base d’un texte narratif). Au fil du temps et de son propre cheminement philosophique, le compositeur pressent que ce mouvement isolé doit faire partie d’une composition plus vaste où il pourrait exprimer ses interrogations existentielles et spirituelles. Cette projection de l’artiste dans son œuvre, typique de l’œuvre de Mahler, est d’une réelle modernité à l’époque.
Grâce à l’entremise de Richard Strauss, trois mouvements de la symphonie sont créés par l’Orchestre Philharmonique de Berlin, sous la direction du compositeur. La version intégrale, en cinq mouvements, suivra quelques mois plus tard, toujours à Berlin. De nombreux billets gratuits durent être distribués en raison du nombre de réservations catastrophique, mais le monde musical berlinois applaudit l’œuvre avec enthousiasme.
Un motif de fierté pour notre Cité ardente !
Richard Strauss, qui était venu diriger à Liège son Zarathoustra et Don Juan, dans l’actuelle Salle Philharmonique (mars 1896), à l’invitation de Sylvain Dupuis, attira l’attention de ce dernier sur Mahler. Après avoir dirigé lui-même une première fois cette « Résurrection », le 6 mars 1898, Dupuis invite Mahler à Liège dans la même œuvre (le compositeur logera chez Dupuis, rue de Serbie). Le concert eut lieu le 22 janvier 1899. C’était la première fois que le compositeur autrichien dirigeait sa musique en dehors des territoires germaniques. Un motif de fierté pour notre Cité ardente !