Ouverture de saison : l'interview de Christian Arming
À l'approche de son concert d'ouverture, le directeur musical de l'OPRL dit tout sur le programme qu'il dirigera à Saint-Vith le 20/09 et à Liège le 21/09.
Christian Arming, vous démarrez la nouvelle saison avec la Deuxième Symphonie de Rachmaninov. Pourquoi avoir choisi une telle œuvre pour votre concert d’ouverture ?
C’est une œuvre que j’adore. Pour moi, il s’agit clairement de la meilleure des trois symphonies du compositeur. Elle rassemble énormément d’affects et offre une très grande variété de couleurs et d’émotions. Malgré ses qualités, j’ai pu constater que l’OPRL ne l’a pas interprétée très souvent. La dernière exécution remonte à 2010. Patrick Davin était aux commandes de l’Orchestre et a interprété la version abrégée, celle que la plupart des chefs jouent, qui fait près de 40 minutes. Pour ma part, je dirigerai la version intégrale qui dure environ une heure. Je ne pense pas qu’il faille couper quoi que ce soit dans cette œuvre car la forme y est réellement parfaite. Rachmaninov autorisait les coupures parce qu’il avait peur que la longueur ne décourage les chefs. Il ne souhaitait pas que l’on renonce à sa musique pour cette seule raison.
Le compositeur vit en Allemagne au moment où il compose la partition. A-t-il été influencé par la musique germanique qu’il entend sur place ?
Rachmaninov réside dans une villa à Dresde au moment où il compose l’œuvre. Il bénéficie de conditions idéales pour écrire sa partition. Au même moment, il découvre la Salomé de Richard Strauss, à l’opéra, qui l’éblouit par ses couleurs et son incroyable inventivité harmonique et orchestrale. Cependant, malgré ce contexte, la Deuxième Symphonie reste pour moi terriblement slave dans son essence mélodique et dans ses textures. Je n’y vois pas d’influence germanique particulière ou alors, de manière très souterraine. La construction formelle peut rappeler éventuellement certaines musiques de Brahms, mais c’est un type de construction que l’on retrouve dans certaines symphonies de Tchaïkovski, je ne peux dès lors affirmer cela de manière catégorique.
Vous avez choisi en ouverture une œuvre très peu connue de Richard Strauss, la Wiener Philharmoniker Fanfare. Est-elle liée à votre histoire personnelle ?
Absolument ! Quand j’étais adolescent, j’allais systématiquement avec mes amis danser au bal de l’Orchestre Philharmonique de Vienne qui se tient chaque année le troisième jeudi de janvier. Le bal s’ouvre avec cette Fanfare de Strauss. Ce sont les Wiener Philharmoniker qui jouent cette pièce que l’on peut interpréter comme un véritable hommage à la valse viennoise. Je l’ai entendue de très nombreuses fois. Mais, très curieusement, c’est une œuvre que seules les personnes qui fréquentent le bal connaissent car elle n’est jouée nulle part ailleurs. Pour ouvrir notre nouvelle saison, qui sera particulièrement festive, il m’a semblé que cette pièce était l’ouverture idéale. Il est plus que probable que nous assurerons sa création à Liège.
Adrien La Marca sera le soliste de ce concert d’ouverture. Quelles sont les qualités qui font de lui un artiste en résidence parfait pour l’OPRL ?
Je n’ai pas encore eu l’occasion de faire un concert entier avec lui. Nous avons juste joué ensemble quelques minutes lors de la soirée de présentation de saison en avril dernier. Ce que j’ai cependant tout de suite remarqué, c’est qu’Adrien est un artiste qui a un son magnifique. Il a la capacité de montrer immédiatement le contenu et le sens d’une pièce musicale. Il a aussi une grande intelligence musicale et une belle présence scénique. Sa collaboration avec Liège laisse augurer des moments très positifs pour l’OPRL.