Rencontre avec István Várdai
Star du violoncelle en Hongrie, le jeune interprète fait l'ouverture de saison de l'OPRL, le 25 à Bruxelles et le 27 à Liège, dans les Variations rococo de Tchaïkovski.
Quels liens vous unissent à votre compatriote Gergely Madaras ?
Nous nous connaissons depuis nos études à Budapest et à Vienne, mais curieusement, nous n’avions jamais eu l’occasion de travailler ensemble avant l’année dernière. Gergely est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Nous avons une proximité de langage et d’éducation, la même manière de faire de la musique. Nous avons collaboré pour la première fois en 2018, pour le 165e anniversaire de l’Orchestre Philharmonique de Budapest, dans le Concerto pour violoncelle n° 4 d’Anton Kraft, un violoncelliste virtuose, ami de Haydn, Mozart et Beethoven. Nous cherchons déjà d’autres occasions de jouer ensemble, après ces concerts à Bruxelles et Liège.
Vous avez enregistré les deux versions des Variations rococo de Tchaïkovski. Que représente pour vous cette œuvre ?
C’est l’une des plus belles œuvres concertantes pour violoncelle, probablement une de celles que j’ai le plus jouées. Je connais ces Variations depuis l’enfance et je les joue depuis une vingtaine d’années. Tchaïkovski y réussit la rencontre organique entre deux styles : le style classique du XVIIIe siècle et un romantisme léger, d’une grande élégance. Ce n’est pas une pièce dramatique ou échevelée, mais plutôt un modèle de distinction. La forme à variations est très intéressante par la grande créativité qu’elle suscite. Son interprétation nécessite de parvenir à un juste équilibre de formes, de couleurs, avec juste ce qu’il faut d’émotion…
Pourquoi avoir choisi la version de Fitzenhagen pour ces concerts ?
À vrai dire, j’ai beaucoup de respect pour la version originale de Tchaïkovski, qui est originale par son atmosphère de « nocturne », mais j’apprécie davantage celle de Fitzenhagen dans la mesure où je la trouve plus construite et mieux graduée sur le plan émotionnel. Elle est aussi plus porteuse pour le public qui vient entendre une œuvre concertante, en ce sens qu’elle répond mieux à la structure usuelle d’un concerto. Dans la version de Tchaïkovski, la cadence du soliste survient après seulement deux-trois minutes de musique, ce qui perturbe la ligne émotionnelle. La version de Fitzenhagen est pour moi plus démonstrative et convaincante.
Quelle est votre actualité (concerts, CD…) ?
J’ai enregistré plusieurs CD ces dernières années, mais actuellement ce n’est pas l’essentiel de mon activité. Je me consacre plutôt aux concerts, avec les œuvres essentielles que j’aime interpréter, comme les Six Suites pour violoncelle seul de Bach, les Concertos et la Symphonie concertante de Haydn, les grands concertos du répertoire, mais aussi une œuvre de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho – Seven Butterflies – et des récitals avec le pianiste islandais Víkingur Ólafsson. Par ailleurs, j’ai l’occasion de créer le Concerto pour bandonéon et violoncelle de Juan Pablo Jofre et une œuvre de Miklós Lukács pour électronique, violoncelle, tabla indien et cymbalum, en partie improvisée.
Propos recueillis par Éric Mairlot