Un quintette pour les Happy Hour ! G. M. Grisi parle de sa nouvelle œuvre : Time
Les Happy Hour ! ont commandé une nouvelle œuvre à notre compositeur en résidence Gwenaël Mario Grisi. Création le 25 septembre prochain.
Pour le premier « Happy Hour ! » de la saison, le 25 septembre, les musiciens de l’OPRL vous ont commandé un quintette, qu’ils créeront avec le soliste en résidence, l’altiste Adrien La Marca. Que pouvez-vous nous dire de cette œuvre ?
L’effectif instrumental de ce quintette est tout à fait inhabituel : flûte, violon, clarinette, alto et harpe ! C’était le premier défi de cette composition : m’adapter à un effectif qui ne comporte pas de registre grave, à l’exception de la harpe. Le spectre musical dont je dispose est assez semblable pour tous les instruments, mais la harpe est la seule à pouvoir assumer les graves, l’assise harmonique. Il fallait donc éviter l’écueil d’un brouillard sonore qui résulterait du mélange de tessitures identiques, et créer des mélodies identifiables, bien distinctes les unes des autres.
Y a-t-il une hiérarchie entre les cinq instruments ?
Non, ils ont tous le même statut et disposent tous d’un rôle mélodique ; le thème principal, par exemple, circule chez chacun des instrumentistes, y compris la harpe, à la manière de Debussy. Il s’agit d’une musique très mélodique ; je ne dirais pas qu’elle est d’inspiration debussyste, mais on y trouve des références à l’impressionnisme, ainsi qu’au romantisme. Un large champ historique !
Comment définiriez-vous l’écriture de cette œuvre ?
Elle est assez dense, car les cinq musiciens jouent souvent ensemble ; mais le travail d’écoute leur permettra, j’en suis sûr, de faire ressortir la bonne couleur au bon moment. Je pense que la pièce est assez explicite, et je pourrai bien sûr les y aider.
Est-ce qu’en cela, on peut parler d’une œuvre impressionniste ?
Oui, mais c’est aussi caractéristique du romantisme : faire ressortir l’expressivité des thèmes… et des harmonies.
On a appris à connaitre, au fil de votre résidence, des facettes de votre écriture largement influencées par les musiques de films et les grands élans narratifs. Qu’en est-il pour une composition de musique de chambre ?
Dernièrement, il est clair que je me suis éloigné, dans ma façon de composer, de l’atonalité ou d’un langage qu’on pourrait qualifier de « difficile », au profit d’une musique plus tonale, plus cinématographique. C’est certainement vrai avec la musique symphonique, qui déploie des sonorités idéales dans ce domaine, mais c’est également transposable en musique de chambre, même sans citer de référence précise.
Vous connaissez bien les musiciens de l’OPRL, que vous côtoyez régulièrement dans le cadre de votre résidence. Cela a-t-il eu une influence sur votre manière de composer ce quintette ?
Non, pas vraiment. J’ai écrit la pièce, puis j’ai eu des échanges avec chacun d’entre eux pour ajuster des détails liés à la respiration, au doigté, en fonction de leur expérience de musicien. C’est un retour toujours utile.
Composez-vous régulièrement de la musique de chambre ?
J’en ai surtout composé jusqu’il y a trois, quatre ans : des pièces de jeunesse, pourrait-on dire ! Des quatuors, de la musique pour piano… Mais c’est sûr que j’ai écrit beaucoup plus de musique symphonique, surtout ces derniers temps. J’ai donc dû supprimer une partie de la palette de couleurs à ma disposition avec le grand orchestre… C’est toujours plus complexe, mais cela donne tout son intérêt au travail sur la différenciation des timbres, sur le discours et l’interaction entre les cinq musiciens.
Propos recueillis par Séverine Meers