West Side Story : une certaine vision du rêve américain transcendée par l'éclectisme de Leonard Bernstein
Les vendredi 29 septembre et le samedi 30, l'OPRL interprète en live West Side Story, le film légendaire aux dix Oscars de Robert Wise et Jerome Robbins (1961). Découvrez la genèse de cette comédie musicale pas comme les autres.
Avec ses chorégraphies éblouissantes, ses rythmes grisants, ses mélodies qui allient tradition classique et art de l’entertainment, West Side Story brille au firmament des comédies musicales. Si Spielberg s’est récemment approprié ce Roméo et Juliette à la mode new-yorkaise (montrant toute l’intemporalité de la musique de Bernstein !), c’est bien le film légendaire aux dix Oscars de Robert Wise et Jerome Robbins (1961) qui est au cœur de ce ciné-concert. Sa bande originale orchestrale sera intégralement interprétée en live par l’OPRL sous la direction d’Anthony Gabriele, l’un des meilleurs chefs en ciné-concert.
Avant d’être adapté par deux fois au cinéma, West Side Story est avant tout une comédie musicale écrite en 1957 pour un théâtre de Broadway par le concepteur et chorégraphe Jerome Robbins, l’écrivain Arthur Laurents, le parolier Stephen Sondheim, sans oublier le compositeur Leonard Bernstein (1918-1990), créateur qui est aussi reconnu comme l’un des chefs d’orchestre les plus charismatiques et captivants du XXe siècle. La pièce fut adaptée pour le grand écran par Ernest Lehman sous la direction de Robert Wise et Jerome Robbins. L’œuvre met en avant l’histoire de ces quartiers du New York des années 50 où des gangs de jeunes font la loi dans les rues, dans un contexte de fortes tensions sociales qui visent entre autres les communautés latinos, notamment les Portoricains, incarnés par les Sharks, la bande rivale des Jets. À travers cette haine de clans digne de Shakespeare, c’est le principe même d’égalité prôné par une certaine Amérique qui est mis à mal. La modernité de West Side Story tient autant à l’exploitation peu courante sur la scène d’un thème social sombre qu’au recours à la comédie musicale pour évoquer cette vision du rêve américain brisé, étant donné que ce genre se rattache d’habitude aux intrigues légères et aux atmosphères glamour.
L’écriture musicale de Leonard Bernstein est tout aussi visionnaire que le propos. Elle apporte un vent de modernité dans l’Amérique des années 60 par son mélange de styles. Grand admirateur de différentes esthétiques musicales, le compositeur s’amuse à écrire des mambos et autres danses hispanisantes, à amplifier l’arsenal de percussions, à exploiter des motifs très lyriques (Tonight, America, Maria). Il s’est inspiré du free jazz, du be-bop, parodiant l’art de Stravinsky, n’hésitant pas à composer dans un style savant (l’instrumental Cool est une fugue à trois thèmes, dont l’un puise ses contours dans la musique dodécaphonique !). Cet éclectisme contribua au succès immense de l’œuvre. West Side Story permit ainsi à Bernstein de figurer en toute légitimité parmi les créateurs américains les plus populaires du XXe siècle.
Voir la fiche du concert et le programme (29/09)
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