2. La façade

La salle a été inaugurée le 30 avril 1887 par le grand musicien liégeois dont vous apercevez le buste derrière vous : le violoniste, chef d’orchestre et compositeur Eugène Ysaÿe (1858-1931). 

De son vivant, il fut une star mondiale adulée par les foules à la manière d’une Taylor Swift aujourd’hui. Il faut dire que celui qu’on surnommait « le roi du violon » incarne à lui seul le génie de l’École franco-belge du violon, la meilleure école de violon de tout le XIXe siècle, au point que l’on retrouvait des violonistes issus du Conservatoire de Liège dans les orchestres du monde entier. 

Eugène Ysaÿe (à droite) lors de l'inauguration du Conservatoire de Liège, le 30 avril 1887 (Liège, Bibliothèque du Conservatoire Royal de Musique)

Saviez-vous que le boulevard Piercot sur lequel vous vous trouvez remplace depuis les années 1830-1840 l’ancien bras principal de la Meuse ? La Salle elle-même a été construite à l’extrémité d’une ancienne île, l’île de Commerce (qui allait jusqu’à l’avenue Blonden). Après 1850, le terrain fut asséché pour permettre la construction d’un quartier d’habitations huppées destinées à la bourgeoisie industrielle émergente. Le Conservatoire naît ainsi au cœur du nouveau Manhattan de Liège ! 

Symétrique, la façade comprend des colonnes, chapiteaux, pilastres, frontons, têtes sculptées à l’antique, caractéristiques du style néo-Renaissance, typique au XIXe siècle des écoles, théâtres et autres bâtiments académiques de Liège.

À noter

• Observez les grilles d’entrée : vous remarquerez au sommet de ces grilles des têtes de chevaux. Ces têtes rappellent que c'est par cet accès que les calèches des Liégeois les plus huppés arrivaient au concert quand la salle fut construite. L'étroitesse du passage fit cependant renoncer à cet usage.
   
• Le bâtiment s’étend sur 2000 m2 avec une façade de 46 m de large.
   
• Au-dessus des différentes ouvertures du rez-de-chaussée, vous pouvez apercevoir une clé de voûte sculptée représentant un visage. Dans les coins formés à hauteur de la plinthe, se trouvent des profils sculptés coiffés d'un animal dont la symbolique est liée aux qualités que doivent avoir les élèves d’un conservatoire. Par exemple, l’éléphant rappelle qu’un ou qu’une interprète en devenir doit avoir une bonne mémoire et qu’il ou elle doit souvent jouer par cœur !

Aller plus loin 

• Voir le projet alternatif de façade de Louis Boonen

• Un croquis de la façade par Gérard Michel