Happy Hour : Happy Reinecke !

Happy Reinecke

Les Happy Hour ! aiment les anniversaires. Après Jacques Offenbach, César Franck ou encore Joseph Jongen, c’est au tour du compositeur allemand Carl Reinecke de souffler ses bougies – 200 en ce qui le concerne – en compagnie des musiciens de l’OPRL, le mardi 28 mai à 19 heures.

 

Peu connu du grand public, Reinecke fut pourtant une personnalité bien implantée dans le paysage musical germanique du XIXe siècle comme pianiste, chef d’orchestre, pédagogue et compositeur. S’il considérait la création comme un pan secondaire de sa carrière, il a écrit pas moins de 288 œuvres (dont quatre Concertos pour piano). Sans être novateur, son art est d’une grande fraîcheur, son écriture romantique regarde vers la joie et la lumière, et s’inspire souvent des tournures mélodiques et des couleurs de Schumann et Mendelssohn, ses modèles vénérés. Reinecke excelle surtout dans le répertoire pour instruments à vent et par la richesse de ses combinaisons sonores. Il a laissé plusieurs partitions de référence comme la Sonate pour flûte et piano « Undine », son œuvre de chambre la plus célèbre, au programme du Happy Hour !

Mais qui est-il réellement ? Né à Altona (aujourd’hui un arrondissement de Hambourg), en 1824, éduqué par un père tyrannique, Reinecke grandit dans un climat de soumission destiné à faire de lui un enfant prodige. La discipline stricte porte ses fruits : l’enfant compose dès l’âge de sept ans et devient un véritable virtuose du piano dès ses douze ans. Au fil des années, son jeu pianistique — exceptionnellement conservé par l’intermédiaire d’enregistrements sur rouleaux qu’il effectue au début du XXe siècle, certains disponibles sur YouTube — lui vaut d’importantes tournées européennes à partir de 1845. 

Dans les années 1840, il noue des liens d’amitié avec Liszt et surtout avec Schumann dont il met un point d’honneur à propager les œuvres. À Leipzig, Reinecke rencontre Mendelssohn qui a un impact décisif sur sa carrière. Alors directeur musical de l’Orchestre du Gewandhaus, le père du Songe d’une nuit d’été encourage le jeune Carl à se lancer dans le métier de chef d’orchestre. L’expérience est à ce point concluante qu’elle devient la principale activité de l’artiste durant des années. Reinecke finit même par prendre les commandes de l’Orchestre du Gewandhaus en 1860, formation qu’il dirigera pendant 35 ans (une longévité inégalée). Il y créera, entre autres, le Requiem allemand de Brahms... 

À Leipzig encore, Reinecke enseigne la composition au Conservatoire et à l’Université où il compte parmi ses étudiants des noms aussi illustres que Grieg, Janáček, Albéniz, Delius ou Bruch, qu’il n’égalera sans doute pas, même s’il figure parmi les meilleurs maîtres secondaires du romantisme allemand, au même titre que Joseph Rheinberger (1839-1901) ou Heinrich von Herzogenberg (1843-1900). D’une physionomie proche de celles de Jacques Offenbach et de César Franck — qui portaient eux aussi les fameuses rouflaquettes en vogue au XIXe siècle, il s’éteint à Leipzig en 1910, à l’âge de 85 ans.
 

Stéphane Dado 


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