100% Chostakovitch

Nikitin

Ce vendredi 25 février, à 20 heures, de Katerina Ismailova à son ultime Symphonie, en passant par son orchestration d'un cycle vocal de Moussorgski, tout l'art de Chostakovitch est à découvrir en un concert, sous la baguette du chef slovène Marko Letonja, un fervent défenseur du compositeur.

Deuxième opéra de Dimitri Chostakovitch (1906-1975) après Le Nez (créé en 1930), Lady Macbeth du district de Mzensk constitue, sur le plan musical, un chef-d’œuvre sans équivalent, quoique aujourd’hui encore mésestimé. Cet ouvrage, qui occupe une place charnière dans la production du compositeur, d’un côté le rendit, du jour au lendemain, célèbre dans le monde entier, de l’autre lui valut d’être mis à l’index, isolé et menacé par le régime soviétique. Il fallut attendre 1962 pour que l’opéra fût de nouveau programmé en Union soviétique, dans une version sensiblement édulcorée, établie par Chostakovitch lui-même, et rebaptisée Katerina Ismaïlova. Cette version fut à son tour exécutée dans le monde entier. Ce n’est que plusieurs années après que la version originale, non expurgée, finit par s’imposer. La Suite tirée de cet opéra se compose de cinq interludes dont l'élan dramatique donne une qualité presque cinématographique à l'ensemble.

C’est le même Chostakovitch qui orchestra avec un raffinement extrême les quatre Chants et danses de la mort de Moussorgski, initialement pour voix et piano, inspirés par l’actualité sociale sombre dans la Russie du XIXe siècle. Le timbre somptueux d’Evgeny Nikitin rendra honneur à ce cycle d’une rare intensité poétique. Les Chants et danses de la mort ont été composés en février, avril et mai 1875 pour les trois premiers, en juin 1877 pour le dernier. Ils posent avec acuité la contradiction sans issue dans laquelle était prise la philosophie personnelle du compositeur. Se disant disciple de Darwin, donc d’une doctrine matérialiste pour laquelle la mort représente l’anéantissement, Moussorgski ne s’est pas pour autant libéré du mysticisme obscur qu’il portait en lui depuis son adolescence. Entre le matérialiste qu’il n’a pas réussi à devenir et le mystique qu’il se refusait d’être, il ne lui restait devant l’interrogation de la mort qu’une seule voie : l’angoisse. Les quatre mélodies du cycle présentent la mort à la manière des allégories médiévales, dans des scènes violemment dramatiques. Le timbre somptueux d’Evgeny Nikitin rendra honneur à ce cycle d’une rare intensité poétique.

Commencée à l’Hôpital de Kourgan, alors que le compositeur est en cure, la 15e Symphonie est achevée par Chostakovitch le 29 juillet 1971, près de Leningrad. La création a lieu le 8 janvier 1972 dans la grande salle du Conservatoire de Moscou sous la direction du fils du compositeur, Maxime. En dépit de l’absence de titre ou de programme, il s’agit bien d’une symphonie autobiographique truffée de citations (Rossini, R. Strauss, Wagner, mais aussi d’œuvres de Chostakovitch lui-même). Le caractère y est volontairement gai, aux antipodes de la noirceur de la Symphonie précédente. C’est une « symphonie gaie » aurait ainsi déclaré le compositeur. L’orchestre comporte une imposante percussion (castagnettes, campanelli, vibraphone, xylophone, célesta…) et la partition comporte énormément de solos importants confiés à divers instruments (flûte, violon, violoncelle, contrebasse, trombone, tuba).

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Ce programme est également donné le samedi 26 février, à 20h, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, dans le cadre de The Shostakovich Festival : The Other Revolutionary, organisé par le BNO et BOZAR, en collaboration avec l’OPRL.

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