À Liège, de somptueuses Béatitudes pour célébrer l’année César Franck
"Gergely Madaras et ses troupes, déjà sensationnels lors de la réhabilitation de l’opéra oublié Hulda en mai dernier, renouvellent sensiblement notre écoute de l’oratorio, loin de toute conception sulpicienne, par une approche vivante et fruitée, très détaillée, tour à tour finement articulée ou dramatiquement contrastée, tantôt théâtrale, tantôt intensément recueillie. Le chef hongrois prend la partition à bras le corps, en exalte le dramatisme quasi opératique (Bienheureux les pauvres d’esprit), et évite l’emphase pathétique au fil de la périlleuse et longue troisième béatitude, ainsi que tout gargarisme triomphaliste lors de la conclusion de l’ouvrage, ici grandiose sans être écrasante. Il sait aussi magnifier les pages plus intimes (Bienheureux ceux qui sont doux) avec une tendresse sans cesse renouvelée et une suavité enchanteresse. Il est splendidement suivi par un Orchestre Philharmonique Royal de Liège des grands soirs, aussi impliqué qu’attentif, aux soyeux et cohérents pupitres de cordes, à la petite harmonie piquante et colorée et aux cuivres aussi nuancés que rutilants."
Benedict Hévry, ResMusica, 19 décembre 2022